Parlons Péloches - L’expérience pas inédite

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L’expérience pas inédite

La vie est faite de combats.

Je ne vais pas parler de celui Ô combien urgent des traductions fantaisistes de titres en anglais. Non, ce n’est pas ça qui me chiffonne aujourd’hui. Il y a quelques jours j’ai vu la bande-annonce de L’expérience interdite qui sortira en novembre prochain (Flatliners en VO, mais bon, là ils ont une excuse, il n’y a pas de traduction pour ce mot).

Ça a l’air sympa cette version 2017. Mais voilà, c’est là mon souci, c’est une « version 2017 ». Il y a eu une version 1991. Et elle n’était pas bien la version 1991 de Joel Schumacher ? Bah si. C’était un film français inexportable avec des acteurs du terroir, ce qui pourrait justifier l’utilité de faire un remake hollywoodien ? Bah non. C’était un film tout à fait correct, pas un chef d’oeuvre, mais un petit thriller efficace, avec un casting plutôt pas mal à l’époque : Kiefer Sutherland, Julia Roberts, Kevin Bacon, William Baldwin… La bande-annonce était déjà mieux faite et ne déroulait pas toute l’intrigue.

Oui, c’est la même histoire, voire les mêmes répliques. Oui, de tous temps il y a eu des remakes au cinéma. Oui, parfois il est intéressant de revisiter un film en lui offrant les moyens techniques qui manquaient autrefois. Oui, je critique d’avance sans avoir vu le remake. Et oui, évidemment, il y a des tas de remakes que j’adore (souvent car je les ai vus avant l’original).

Mais chaque film est la marque d’une époque, le kitsch d’un effet un peu trop spécial donne tout son charme à une oeuvre, les maladresses cinématographiques s’excusent avec le temps. Je ne critique pas l’intention créative qui voudrait proposer sa propre version. Je ne me permettrais pas non plus de critiquer le manque d’imagination des scénaristes. Et pourtant c’est tentant.

En revanche, je m’insurge (n’ayons pas peur des mots) contre cette facilité offerte à tout cinéphile en herbe de ne pas découvrir les versions originales, et le risque de gâcher des films cultes par excès de modernisme et de branchitude. Halte à la triste consommation du cinéma ! Un peu de curiosité ! N’ayez pas peur du noir et blanc et du grain des pellicules !

Allez, faites-moi plaisir, regardez Flatliners 1991, et tant que vous y êtes, regardez Le Crime de l’Orient Express de Sydney Lumet (1974) qui aura lui aussi droit à son remake avec casting de luxe en décembre. Kenneth Branagh, je t’aime, je te laisse le bénéfice du doute…